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les mots-lierre

14 décembre 2009

Textes – 1

 

Le chat

 

Dans ma cervelle se promène,       

Ainsi qu'en son appartement,

Un beau chat, fort, doux et charmant.

Quand il miaule, on l'entend à peine,

 

Tant son timbre et tendre et discret ;

Mais que sa voix s'apaise ou gronde,

Elle est toujours riche et profonde.

C'est là son charme et son secret.

 

Dans sa fourrure blonde et brune

Sort un parfum si doux, qu’un soir

J'en fus embaumé, pour l'avoir

Caressé une fois, rien qu'une.

 

C'est l'esprit familier du lieu ;

Il juge, il préside, il inspire

Toutes choses dans son empire ;

Peut-être est-il fée, est il dieu ?  

     

Charles Baudelaire

 

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Les animaux ont du souci  

 

 

Le pauvre crocodile n'a pas de C cédille

On a mouillé les L de la pauvre grenouille

Le poisson scie

A des soucis

Le poisson sole

Ca le désole

 

Mais tous les oiseaux ont des ailes

Même le vieil oiseau bleu

Même la grenouille verte

Elle a deux L avant le E

 

Laissez les oiseaux à leur mère

Laissez les ruisseaux dans leur lit

Laissez les étoiles de mer

Sortir si ça leur plaît la nuit

 

Laissez les p'tits enfants briser leur tirelire

Laissez passer le café si ça lui fait plaisir

La vieille armoire normande

Et la vache bretonne

Sont parties dans la lande en riant comme deux folles

Les petits veaux abandonnés

Pleurent comme des veaux abandonnés

 

Car les petits veaux n'ont pas d'ailes

Comme le vieil oiseau bleu

Ils ne possèdent à eux deux

Que quelques pattes et deux queues

 

Laissez les oiseaux à leur mère

Laissez les ruisseaux dans leur lit

Laissez les étoiles de mer

Sortir si ça leur plaît la nuit

 

Laissez les éléphants ne pas apprendre à lire

Laissez les hirondelles aller et revenir

 

Jacques Prévert

 


 

Anibeaux animoches

 Le concours de beauté approche.
On s'agite chez les petites bêtes,
anibeaux, animoches s'apprêtent.

Si le millépatant est encore en chaussettes,
L'escarbeau astique sa coquille,
la fourmignonne se maquille, se pomponne,
le ver-séduisant met ses Ray-Bans
et la coccibelle repeint ses ailes …

Qu'est-ce qu'on apprend ?
Le millépatant est maintenant
dans le cirage ?
Dommage,
le défilé commencera sans lui. ...

Très vite sont éliminés
La moche tsé-tsé et ses yeux cernés,
l'affrelon, qui a piqué un fard,
le poubeau, à cause de sa poubelle,
et bien sûr la punase (on l'a sentie venir !) ...

Le millépatant, épuisé,
fait son entrée en grandes pompes.
Trop tard,
la Coccibelle a raflé tous les points !

 

Antoine Bial

 

 

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L’hiver, la neige

Voilà
Les arbres
Avec
Du sucre
Sur le nez

La route
Toute
Poudrée
Le ciel
Enfariné

La neige
A tout changé.

Anne-Marie Chapouton

 

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Il a neigé

Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle.
Le toit, les ornements de fer et la margelle
Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc
Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc.
Le grésil a figé la nature, et les branches
Sur un doux ciel perlé dressent leurs gerbes blanches.
Mais regardez. Voici le coucher de soleil.
À l'occident plus clair court un sillon vermeil,
Sa soudaine lueur féérique nous arrose,
Et les arbres d'hiver semblent de corail rose.

François Coppée ("Promenades et Intérieurs")

 

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Dans l'interminable ennui de la plaine

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Comme les nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la Lune.

Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable

Paul Verlaine ("Romances sans paroles", Ariettes oubliées - 1874)

 

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Temps couvert

Je suis au milieu d’un nuage
de neige
ou de fumée
L’éclat du jour fait son tapage
la fenêtre en battant
ouvre le mur du coin
la paupière assoupie
et l’œil déjà baissé
Plus loin
sur le détour où aurait dû tomber
le grand vent qui passait
en roulant l’atmosphère
la neige et la fumée
Quelques grains de soleil
et le poids de la terre
à peine soulevée

Pierre Reverdy ("Cravates de chanvre" - 1922)

 

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14 décembre 2009

Bonjour !

Vous êtes sur le blog de la troupe "Les Mots–Lierre" du Collège Jean Rostand de Lamotte — Beuvron.

Les textes ci – dessous seront joués devant un public lors de l'année scolaire 209/2010.

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